SCÈNE 6 - DANSE DE LA NUIT


Voix des Nuits

Ses mains sont blanches comme l'aube
     Elles pétrissent
          Elle bénissent

Ce sont ces mains diaphanes
     Qui jouent la harpe des saisons
          De Paris aux tropiques

Ses mains qui saupoudrent de sable
     Les plages de la Nuit
          Où viennent battre des mouettes
          [des mouettes]

Ces oiseaux fous du rêve
     Volant toujours très bas
          Pour mieux nous consteller

Ses mains de l'assassin
     Qu'elle retient tout juste
          Le temps long d'un remord [Ah !]

D'un remord qu'elle aura
     Tout le temps de ses nuits
          Tout le temps de ses rêves

[tout le temps de ses Nuits... tout le temps de ses rêves...]

Car si la Nuit arme les assassins
     C'est pour mieux les attendre
          Au coin d'une autre nuit

Car si la Nuit n'a pas de loi
     Elle a le calme de la Nuit
          Et son silence

Qui vous arrache les oreilles
     Avec les bois qui craquent
          Avec le souffle lent de RIEN

Avec ce RIEN de dix-mille pieds
     Avec cet orgue multipède
          Qui joue... RIEN

Sur tous les tons de la gamme passée
     Ici présente
          Et à venir

Une musique de TERREUR
     Un Jean-Sébastien Bach muet
          Omniprésent

Une somme de vide
     A vous vider d'un coup
          Comme un verre de boue

Sans goût
     Sans rien
          Qui n'en finirait pas

De n'avoir pas fini
     De n'avoir pas de goût
          De n'avoir rien du tout

Et tout à coup
     QUOI ?
          Comme une flèche !

Quoi ? [Quoi ? Quoi ?]
     Rien !
          Si ?
               Hein ?

                         (CRI)

voix de la Lune
ON NE JOUE PAS AVEC LA NUIT si l'on n'a pas la martingale des copains !

le Corbeau
Silence ! SILENCE !
          Je lève l'AUDIENCE !

QUE L'ON RECONSTITUE L'AFFAIRE !

          FIN DU PREMIER TABLEAU