Scène 4 - LES CROISSANTS DE LA NUIT


le Corbeau
Au fait, Greffier !

le Greffier
     La Nuit se faisant passer pour la Nuit
          Habillée de hardes
               Comme suit :
     Surplis de chiffons,
          Étole en vent d'Est,
               Jupons sans barreaux...

le Hibou
     Fenêtres aux yeux
          Avec des étoiles
               Battant leurs tapis

le Coq
     Tapis de tapin
          Étoile à voyou
               Œil de bœuf... mironton.
ah ah ah ah ah ah ah ah ah

le Hibou
Vous ergotez, c'est dans la ligne !

le Corbeau
Greffier ! A la ligne !

le Greffier
     "La fille Nuit...
          Pour le prestige...
               Et... poétiquement
     "S'approcha du poète...
          Lui glissa dans la poche
               Un croissant tout frais"

le Hibou
LA FAIM... C'EST LA NUIT DU PAUVRE !

la Nuit
De ces croissants tout frais
Qui ne sont pas de Lune
Qui fondent dans la bouche
Ou à défaut de bouche
Dans l’œil du parisien
Sans une thune
Et qui se couche
Les croissants de Paris
Sont pétris par la Nuit
Ce que voyant, le pain
Chagrin d'épi de blé
En un coup de levain
Dore ses blonds cheveux
Lui fleurissant la tête
Droite comme baguette
Car le pain de Paris
Qu'il soit de fantaisie
Ou rassis
Ou de mie
S'enfante dans la Nuit

le Hibou
     Le dossier de la Nuit
          Est tout blanc de ces miettes
               Que l'on donne aux moineaux !